NOHEDES – 1815 : L’affaire du 3ème moulin !
- Thierry Bégué
- 5 oct.
- 3 min de lecture

En cette fin d’année 1815, Hyacinthe MONTEIL, tisserand habitant Campôme venait d’acheter le moulin à deux meules de Jacques CALMON actuelle propriété de la famille *** (nom masqué) au bord de la rivière de Nohèdes. Il existait déjà un deuxième moulin lui aussi à deux meules sur cette commune, un peu en amont, celui de François HUILLET appartenant aujourd’hui à la famille *** (nom masqué). Mais des évènements allaient perturber les rêves de prospérité de cet investisseur campômois.
Le samedi 28 octobre 1815, alors que la France pouvait encore s’émouvoir du récent départ de l’Empereur BONAPARTE vers l’exil sur l’île d’Elbe, Hyacinthe, fou de colère écrivait une lettre au préfet des Pyrénées-Orientales.
En amont de sa prise d’eau sur la rivière, Etienne PONSAILLE faisait reconstruire un moulin à une seule meule dans la plus complète illégalité. Cette nouvelle concurrence allait forcément réduire ses revenus. Il s’en était plaint à l’ancien propriétaire qui ne se sentant plus concerné avait refusé d’écouter d’avantage ses jérémiades. Puisqu’il en était ainsi, il avait décidé de porter l’affaire devant l’Administration en précisant qu’Etienne PONSAILLE, maire de Nohèdes dix-huit ans plus tôt avait profité des désordres de la révolution pour construire sans autorisation un moulin sur sa propriété mais que les multiples débordements de la rivière avaient anéanti l’usine depuis longtemps. Faisant références à de nombreux arguments techniques, financiers et administratifs, il demanda que l’on interdise à la fois cette réparation et « de faire moudre ».
Sensible aux arguments, le préfet et le sous-préfet de l’arrondissement de Prades, donnèrent des instructions : A défaut d’avoir les autorisations convenables et devant se conformer à l’arrêté du 9 ventôse an 6, ce troisième moulin ne pouvait fonctionner.
Cette décision aurait pu satisfaire le tisserand investisseur mais quelle ne fut pas sa consternation de voir circuler une pétition contre l’application de cette ordonnance préfectorale ! A l’initiative des maires de Nohèdes et d’Urbanya, une trentaine de chefs de familles réclamèrent la mise en fonctionnement du moulin d’Etienne PONSAILLE. La demande était justifiée d’abord par l’origine de ce troisième moulin : elle était plus ancienne que le prétendait le campômois. Il avait toujours fonctionné par intermittence entre deux crues destructrices. La dernière datait de l’an 5 soit un an avant l’arrêté de l’an 6. De plus, et cela paraissait le motif principal de la mobilisation des maires, le propriétaire actuel, « acquéreur en seconde main de l’ancien moulin communal [utilisait] son droit de moudre comme bon lui semble au détriment des habitants et qu’il fait tout à sa guise sans avoir égard à l’intérêt commun ». Puis d’autre arguments plus techniques sur la provenance de l’eau nécessaire à faire tourner l’unique meule venaient contredire les affirmations de M. MONTEILS présenté comme étant celui qui cherche à tromper l’Administration.
Les archives départementales n’apportent pas d’éléments complémentaires pouvant indiquer qui des protagonistes à obtenu gain de cause si ce n’est la demande de cartes et de l’avis d’un ingénieur un an plus tard le 4 octobre 1816. Mais il apparait que 64 ans plus tard, la famille CALMON est de nouveau propriétaire du moulin vendu à Hyacinthe.
Ou était situé ce troisième moulin ?
La précision dans les correspondances du rejet des eaux du troisième moulin en aval de la prise d’eau de celui de Hyacinthe et la présence d’une propriété bâtie sur le cadastre napoléonien (1811) au lieu-dit "El Mouli Vell" (le moulin vieux), positionneraient ce troisième moulin entre le pont de l’ancienne pisciculture et le moulin « du bas » dans un secteur remanié par la création de la piste, sur la parcelle C553 appartenant à la famille *** (nom masqué) (parcelle C607 du cadastre Napoléonien).
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